Jean-Marie PÉRIER
Chroniques d’un dilettante
Dans ses chroniques le célèbre photographe évoque en ces termes sa rencontre avec Georges Brassens à l’occasion du tournage de son film « Pourquoi t’as les cheveux blancs ? »
« Je n’ai jamais photographié Georges Brassens. Il faut dire que dans le groupe Filipacchi nous étions un peu sectaires. Tous les artistes qui n’entraient pas au hit-parade de l’émission « SLC » nous étaient étrangers. Plus tard, comme je l’ai regretté, je suis allé le voir lorsqu’il passait à l’Alhambra. « Est-ce que vous me laisseriez réaliser un documentaire sur vous ? » lui ai-je demandé. Je savais qu’il avait horreur de ça et à ma grande surprise il accepta. Mais en soi, l’idée ne l’emballait pas aussi m’accorda-t-il deux jours. Deux jours pour mettre en boîte un film de 52 minutes sans moyens et deux caméras, ce n’était pas évident et surtout pas raisonnable, mais mon ami Claude Barrois qui le réalisa avec moi nous ne l’étions pas, aussi nous décidâmes de relever le défi.
J’avais écrit une ébauche de scénario avec l’écrivain-poète René Fallet, ami de Brassens et fidèle à l’esprit de la banlieue. Nous avions emmené Georges à la campagne avec une petite équipe et un jeune garçon pour tenir le rôle d’un môme qui venait lui parler. Car je savais qu’il détestait les interviews, aussi avais-je imaginé un moyen pas très glorieux pour contourner le problème. Je glissais des questions à l’oreille du gamin, et c’est lui qui les lui posait. Georges était très bien élevé, comme la question venait d’un enfant alors il répondait. Ce que je vous montre sont des rushes un peu montés dans le désordre que j’ai retrouvés, des bribes d’un film très loin d’être à la hauteur de l’estime que j’avais pour lui. On m’avait demandé que ce soit musical, j’ai fait avec les moyens du bord, je n’étais pas très fier du résultat, je ne recommande pas ce film. Pour évoquer la mort je les avais filmés dans un cimetière. Le môme avait ses questions et ça donne un moment assez joli… De toute façon je ne regrette pas car les moments où on peut voir Georges Brassens parler sont rares et il me touche aussi beaucoup dans ses silences. Le plus triste c’est qu’à la fin du tournage il regrettait que ce soit déjà fini. Dommage, avec du temps on aurait pu faire mieux… »
228 pages et autant de photos
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