Renaud Nattiez
Brassens et Tintin
Deux mondes parallèles

Renaud Nattiez, ancien élève de l’ENA, docteur en économie et, aujourd’hui, inspecteur général de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, connaît bien le sujet Tintin, ayant déjà écrit « Le Mystère Tintin : les raisons d’un succès universel », « Le Dictionnaire Tintin » et « Les Femmes dans le monde de Tintin ». La lecture de son essai me prouve qu’il connaît aussi bien Brassens !
Histoire de sortir des sentiers battus, tout en restant dans la sphère de son idole bédéesque, il a eu la bonne idée, certes un peu étonnante quand même, de comparer le monde créé par Georges Brassens à celui où évoluent Tintin et ses compagnons : « Deux mondes parallèles, au double sens du mot : ils ne se confondent pas, ils ne se rejoignent pas, mais ils évoluent dans la même direction… »
Au premier abord, tout semble opposer l’univers créé par Brassens et celui où évoluent Tintin et ses compagnons. Brassens est un spectateur distancié, Tintin un aventurier engagé. L'un, amoureux des femmes, parle cru, l'autre, asexué, ignore le désir. Anticonformisme et anticléricalisme d'un côté, valeurs boy-scouts chrétiennes de l'autre. Et pourtant grâce à une analyse approfondie des récits du poète sétois et du dessinateur belge, Renaud Nattiez met en évidence des correspondances surprenantes, des similitudes insoupçonnées. Deux mondes parallèles, au double sens du mot : ils ne se confondent pas, ils ne se rejoignent pas, mais ils évoluent dans la même direction comme si, au fil des ans, Brassens s'était rapproché de Tintin et Tintin de Brassens.

Nous avons aimé cette étude surprenante et inattendue, notamment le chapitre consacré à la question religieuse dans les deux œuvres et aussi l’opinion de Renaud Nattiez sur « Les deux oncles » : « Selon moi, la chanson de Brassens, « Les deux oncles », n’est pas une bonne chanson. L’auteur souhaite prendre de la hauteur pour parler de la guerre, mais il le fait en se référant à un environnement historico-politique très situé dans le temps et dans l’espace, chose rarissime chez lui. En conséquence, il manque à ce texte la distance et l’humour qui permettent à « Mourir pour des idées » ou à « La guerre de 14-18 » par exemple d’entraîner l’adhésion dans le premier cas, le sourire dans le second. ».

190 pages

Prix : 17 euros
Les Impressions Nouvelles (février 2020)

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