Olivier Chantraine
Un élément perturbateur (Prix Georges Brassens 2017)
Serge Horowitz a tout du véritable antihéros qu'on affectionne. Boulet pour la société, il vit aux crochets de sa sœur et travaille grâce à l'aide de son ministre de frère. Pour couronner le tout, il est victime d'attaques d'aphasie: il peut s'arrêter de parler à n'importe quel moment.
Dans ces conditions, quelle idée saugrenue de lui proposer de partir au Japon pour présenter un projet crucial pour son entreprise. Autant envoyer un végétarien à un congrès de bouchers. La réunion vire bien sûr à la catastrophe, et on l'ignore. Désespéré par la tournure des événements, Serge se calfeutre dans sa chambre en pensant: "J'ai hâte de retrouver mon shampooing. Mes cheveux ne ressemblent à rien."
Voilà qui donne le ton d'Un élément perturbateur, d'Olivier Chantraine, livre à la fois charmant et foutraque, bourré d'aphorismes aussi réjouissants que tordus. On suit avec tendresse les errances de ce lunatique solitaire qui se résout à mener avec joie une existence sans but précis.
On se demande si un tel personnage peut exister. Le doute propulse parfois notre attention de lecture dans un relâchement. Mais il y a une explication à la toute fin, très touchante, qui nous conduit à la source de son errance comportementale. Comme souvent, c'est lié à l'enfance. Notre héros n'a jamais grandi, finalement. Le titre même du livre renvoie à cette nécessité d'être dans le rang quand on est élève.
288 pages
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