Guy BOLEY
Fils du feu
Présentation de l’éditeur :
« Guy Boley est né en 1952, il a été maçon, ouvrier d’usine, chanteur des rues, cracheur de feu, acrobate, saltimbanque, directeur de cirque, funambule à grande hauteur, machiniste, scénariste, chauffeur de bus, garde du corps, et cascadeur avant de devenir dramaturge pour des compagnies de danses et de théâtre. Il compte à son actif une centaine de spectacles joués en Europe, au Japon, en Afrique ou aux États-Unis. Fils du feu est son premier roman.
Nés sous les feux de la forge où s’attèle leur père, ils étaient Fils du feu, donc fils de roi, destinés à briller. Mais l’un des deux frères décède précocement et laisse derrière lui des parents endeuillés et un frère orphelin. Face à la peine, chacun s’invente sa parade : si le père s’efface dans les vagues de l’ivresse, la mère choisit de faire comme si rien ne s’était passé. Et comment interdire à sa mère de dresser le couvert d’un fantôme rêvé ou de border chaque nuit un lit depuis longtemps vidé ? Pourquoi ne pas plutôt entrer dans cette danse où la gaité renait ? Une fois devenu adulte et peintre confirmé, le narrateur, fils du feu survivant, retrouvera la paix dans les tableaux qu’il crée et raconte à présent. Ainsi nous dévoile-t-il son enfance passée dans une France qu’on croirait de légende, où les hommes forgent encore, les grands-mères dépiautent les grenouilles comme les singes les bananes, et les mères en deuil, pour effacer la mort, prétendent que leurs fils perdus continuent d’exister.
Dans une langue splendide, Guy Boley signe ainsi un premier roman stupéfiant de talent et de justesse. »
Extraits d’un article de Maud Vergnol (L’Humanité) :
« La littérature, Guy Boley n’est pas tombé dedans quand il était petit. Dans la maison familiale de Besançon, dirigée par un patriarche plutôt taiseux, pas un livre. « Mes parents étaient loin d’être bêtes, mais ne connaissaient que la culture populaire, ils adoraient l’opérette. » Adolescent, c’est lui qui invite la littérature à passer le pas de la porte. « Ma première connerie, aux yeux de mon père, fut d’acheter les Contemplations. » Pourquoi Hugo?? « Parce que c’est le poète des populos. Parce que je viens du peuple, d’une famille à qui la chose imprimée faisait peur, et que je n’avais eu que l’école pour référence. » Première paye, premier livre, première réprimande, car « on ne doit acheter que de l’utile », lui dit son père. Ce petit salaire, Guy Boley l’a arraché alors qu’il travaille depuis l’âge de 10 ans dans la forge, où il apprend à tordre, dans la fournaise et les escarbilles, le fer chauffé à blanc. Un point commun avec le narrateur de Fils du feu, récit incandescent sur un fils de forgeron, devenu peintre, qui cherchera finalement toute sa vie à recomposer le tableau de son enfance, dans l’ombre d’un petit frère décédé prématurément. C’est dans ce conte sur le deuil impossible d’une mère que Guy Boley, qui a lui-même connu ce drame, déploie tous ses talents d’écriture. Comment interdire à une mère de dresser le couvert d’un défunt, de border chaque nuit un lit vide et même de féliciter un fantôme d’avoir eu son bac?? Le narrateur choisira de rentrer dans cette folie maternelle, et même d’y prendre sa place, car, après tout, c’est ici que la vie continue.
Guy Boley, comme son narrateur, a fui très jeune le foyer familial. Son père veut lui apprendre le métier. Lui est déjà « intoxiqué par la chose littéraire ». Il a 16 ans quand, un mois de mai 1968, « un grand fouillis libérateur, grâce auquel la culture devient un boulevard où tout le monde pouvait pénétrer » lui confirme qu’il est temps d’aller voir ailleurs. « Ma génération, explique-t-il, celle des Trente Glorieuses, a eu cette chance inouïe de rompre les chaînes, de ne pas être condamnée à la vie qu’avaient eu nos parents. » S’ensuivent des années incroyables de découvertes et rencontres, qui le mèneront du cirque au funambulisme, de l’usine au théâtre et à la dramaturgie.
Modeste et pudique, Guy Boley confie avoir l’impression d’être « un appareil photographique dans lequel on aurait oublié de mettre une pellicule ». Pourtant, il en impose, avec son 1,90 mètre et son accent du Jura. À l’écouter évoquer son parcours, dans le désordre toujours, on a plutôt l’impression d’un assoiffé atteint du syndrome du « démon de l’absolu » qu’évoquait Malraux. Maintenant qu’il peut se consacrer exclusivement à la littérature, « un enfer douillet », il écrit dix heures par jour et suit de très près la création littéraire et le petit monde de l’édition, avec un regard assez sévère sur « les copinages parisianistes » et les « renvois d’ascenseur vide ». Lui, le funambule, a amarré un bout de son câble dans un village du Jura, là où, petit, son père lui a appris à toujours battre le fer tant qu’il est chaud. »
Notre commentaire :
Le Prix Littéraire Georges Brassens récompense un roman dont le fond et la forme sont proches de l’univers du Sétois : liberté de ton, impertinence, amour du verbe. Le choix du jury se porte chaque année sur un roman populaire, accessible à tous.
Nous souhaitons au très sympathique et néanmoins talentueux Guy Boley, lauréat du Prix 2016 le même succès que Muriel Barbery pour « L’élégance du hérisson » en 2006 ou que pour Alain Mabanckou et son « Demain j’aurai vingt ans » en 2010.
Les visiteurs de ce site apprendront certainement avec plaisir que Guy, dans une autre vie, a chanté Brassens dans les rues et qu’il connaît encore parfaitement son répertoire, l’auteur de ces lignes peut en porter témoignage.
158 pages (jaquette illustrée)
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