Françoise HARDY
Le désespoir des singes ... et autres bagatelles

Françoise Hardy évoque Brassens dans deux passages de son livre que nous nous permettons de reproduire ici, tant nous partageons l'avis de Françoise sur Georges Brassens, quant à M. Houellebecq, cette lecture nous confirme la triste opinion que nous avions du personnage:

«Georges Brassens n'était pas seulement un immense artiste mais aussi un homme d'une grande bonté, d'une délicatesse et d'une tendresses exceptionnelles dont sa personne irradiait autant que ses chansons. Admirateur inconditionnel de l'ouvre de Mireille qu'il connaissait mieux que quiconque, il lui demanda de faire sa première partie à Bobino. Il savait que rien ne l'aiderait mieux à supporter son veuvage et, en effet, grâce au tourbillon dans lequel l'entraînèrent son retour sur scène ainsi que la reprise du Petit Conservatoire, elle retrouva vite son dynamisme et sa combativité.»

Et à propos de Michel Houellebecq:

«Soucieuse de respecter ma promesse de le lui présenter, j'organisai un dîner au bar du Hilton avec Jacques [Dutronc] qui eut la mauvaise idée de demander à Thomas [Dutronc] et sa compagne de l'y rejoindre, sans m'avoir consultée à ce sujet. Il savait bien pourtant qu'il vaut mieux ne pas imposer à un grand timide trop de personnes inconnues à la fois. Mais il ne raisonnait pas ainsi ; face à Houellebecq, son confort psychologique personnel exigeait la présence à ses côtés de quelques alliés sûrs. Michel [Houellebecq] arriva passablement éméché du Salon du livre et, peu encouragé par l'extrême réserve de Jacques, s'adressa exclusivement à moi. Nous eûmes d'entrée une discussion à propos de Brassens dont il dit pis que pendre, tout en portant mes propres textes aux nues. Atterrée, j'essayai de lui démontrer l'inanité de son jugement. «Vous vous sous-estimez tragiquement !» commenta-t-il. Encore plus inconditionnel de Brassens que ses parents, Thomas se ferma comme une huître. De son côté, Jacques persista dans son mutisme et j'espérai juste que l'état de Michel l'empêche de se rendre compte de la mauvaise ambiance qui plombait le dîner. Il me téléphona le lendemain matin : « Vous me troublez beaucoup. » commença-t-il. Avais-je réussi à l'ébranler à propos de Georges Brassens ? Mais non. En feuilletant le livre d'astrologie moderne que je lui avais offert, ils'était reconnu dans les grandes lignes de son signe solaire -les Poissons- . Brassens ainsi que Prévert restèrent un sujet de litige entre nous. Je ne comprends toujours pas que quelqu'un qui attache autant de prix à la bonté et à la compassion rejette ainsi deux artistes merveilleusement créatifs et dotés de ces précieuses qualités au point qu'elles illuminent toute leur ouvre.»

Cahier photographique
390 pages

Robert Laffont (octobre 2008)
Merci à Marie-Christine Lefebvre de nous avoir signalé ce livre.

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