Dans l'ombre des forêts
Y'a des endroits gentils
En voyag' d'intérêt
Les maris sont partis
Les maris sont des gens au front morne
C'est l' moment ou jamais d' les égayer de cornes.
Viens !
Pos' ton fardeau
De bonn' manières
Sur le gros dos
D'la cuisinière
Et jett' la clef de ton honneur
Dans la mar' aux canards.
Viens !
Quand le printemps
Fou d'allégresse
Rôde, chantant
Sur nos tendresses
Il n'y a d'honnêt' que le bonheur
Vois le vent, le vent d'opérette
Ah ! Quel êtr' intelligent
Qui des toits s'apprête
À foutr' des pots de fleurs sur la gueul' des agents
Mais oui, viens !
Sautons au cou
De l'hirondelle
Et laissons-nous
À tire d'aile
Conduire loin de la pudeur.
Viens ! Si nous voyons
Sur un' sal' tête
Un chapeau m'lon
Qui nous embête
Nous le flanqu'rons par terre pour
Jouer au ballon avec.
Viens !
Si les gross' roues
D'un véhicule
Coupent le cou
D'un' renoncule
Nous les crèveront avec amour
Si cett' brut' de garde-champêtre
S'avis' de nous engueuler
Nous l'enverrons paître
Ou bien nous le pendrons à un arbre isolé.
Mais oui, viens !
Si des fruits mûrs
Douc'ment dépassent
Le haut d'un mur
Sous l'quel on passe
Nous leur prêt'rons notre concours.
Viens !
J'ai pas trop d'trous
À mes chaussettes
J'ai pas d' verrou
À ma cassette
J' n'ai d'ailleurs pas d' cassett' non plus
Comme ton idiot d' mari...
Viens !
J' te prendrai pas
Pour ma p'tit' bonne
J' t'imposerai pas
D' solo d' trombone
Le soir un' fois le café bu
De retour de maquignonnage
Le sal' cornard comprendra
Le désavantage
De fair' estampiller son amour par l'État.
Mais oui, viens !
Pour nous s'éveillent
Ô bonn' fortune
En plein soleil
Des clairs de lune
En pleine nuit, des soleils nus.
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