DIVERS INTERPRÈTES
A tribute to Georges Brassens
My own road

Cet album est une curiosité. En effet, des groupes US, à peu près inconnus en France, sauf peut-être la formation country Asleep at the wheel, ont enregistré ce "Tribute to Brassens".
Ont donc participé à cette galette: Slaughter, Misty Oldland, Jason Scheff of Chicago, Zen cowboys, Jefferson starship, Black Uhuru, Young MC, Rodney Spanking Thomas, Asleep at the wheel et Martika.
Le résultat en surprendra certains, tant les reprises de quelques titres du Sétois sont méconnaissables, mais peu importe, l'essentiel n'était-il pas de faire connaître notre Georges national aux States?

Etant incompétent en langue anglaise, nous avons trouvé sur le net cette appréciation anonyme de l'album:

"On a pris l'habitude de voir Brassens chanté par d'autres chanteurs français, comme Renaud, Le Forestier ou - plus récemment - Sinsemillia. L'originalité de ce Tribute to Georges Brassens tient à la traduction des textes et à leur reprise par des groupes venus de divers horizons musicaux. Fondé sur une telle ambition, le projet accouche de quelques réussites et d'une majorité de morceaux plutôt moyens. L'album y perd sa cohérence, d'autant que les groupes venus rendre hommage n'ont pas grand chose à voir entre eux. Chacun a d'ailleurs enregistré son adaptation dans son coin, entre Paris, Londres, Kingston ou encore Los Angeles.

Malgré ces petits défauts, "My own road" gagne à être découvert - sinon acheté. Certaines reprises peuvent donner à sourire, d'autres redonnent l'émotion attendue, toutes intriguent. Les amuseurs publics pourront même organiser un quizz musical. La règle est simple : faites écouter à vos amis chaque reprise en leur demandant de deviner le titre du morceau original. Succès garanti dans les soirées squats, surtout si vous enchaînez en grattant votre guitare à la façon du vieux Georges.

Les amateurs de soul apprécieront "Beautiful stranger" (L'étranger), repris par Misty Oldland. Les blousons cloutés accrocheront sur "My own road", reprise hard-rock de "La mauvaise réputation" par Slaughter. Les vieux babas adoreront l'interprétation de "The Prayer" ("Je vous salue Marie") par les revenants de Jefferson Starship (ex Jefferson Airplane). La voix caverneuse du vieux Paul Kantner, posé sur un jeu de guitare hispanisant, transforme ce Prayer en un moment fort de l'album. Les rastas amoureux se déhancheront lascivement sur "I made myself small" ("Je me suis fait tout petit"), murmuré par Black Uhuru sur un rythme qui donne plus envie de raconter des choses à la belle Puma Jones (ex chanteuse du groupe) que de sautiller frénétiquement. Les rockers FM mis sous Prozac depuis la séparation de Toto trouveront une raison de continuer d'y croire en se laissant bercer par les riffs de Jason Scheff of Chicago, qui repose "La non-demande en mariage" ("I have the honor") avec un lyrisme digne des meilleures pubs Gillette. Les crooners country qui n'hésitent pas à pousser la chansonnette dans les bars et les repas de famille trouveront une caution dans "Friendship first" ("Les copains d'abord"), machouillé par Asleep at the wheel. Dans cette version, le bateau à aube du Mississipi a remplacé le radeau méditerranéen sans perdre l'âme de Jean, Pierre, Paul et compagnie. Ceux qui n'ont pas bien choisi leur camp mais trouvent Beck et Cake définitivement cools hocheront de la tête à l'écoute de "Sirens of fame" ("Trompettes de la renommée"), qui donne aux Zen Cowboys l'occasion de se livrer à quelques expériences sonores et vocales.

Bref, chacun trouvera son bonheur dans ce florilège cosmopolite. On peut néanmoins douter que "Watch the Gorilla" ("Gare au gorille") fascine les foules, même si la reprise de Young MC semble vouloir surfer sur la vague hip-hop. On y entend en fond la voix de Brassens, samplée et remasterisée sans vergogne, comme aurait dit le vieux. On croyait ce genre de pratiques réservées au producteur technoïde d'Yvette Horner.

Sauf cet accident, l'hommage est donc de qualité suffisante pour mérité d'être adressé au maître. Naturellement, les puristes diront qu'ils préfèrent les versions originales. Ils auront souvent raison, notamment pour "Lay me down by the sea" (chanté par Martika), qui est à la "Supplique pour être enterré sur la plage de Sète" ce que Céline Dion est à Paul Valéry. La tombe de Brassens méritait quand même mieux, surtout en clôture d'album."


Sunbar Production - EMI (1998)

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