POUR BONHOMME

Comment faut-il le dire sans paraître incongru,
Sans battre du tambour et sonner les honneurs,
Pour saluer le bonhomme de " la tondue "
Par un coup de chapeau qui sortirait du cœur. (bis)

Je voudrais bien ici abolir le mythe,
Fausses éloges ronflantes faites autour de son nom ;
Et ne pas abuser de mots trop sarcastiques,
Aux langues hypocrites, silence ! cré nom de nom. (bis)

Ô gens de la culture, pas de démagogie,
Dans les salons de thé, bafouilleurs d'oraisons,
Vous qui vous honorez quand vous parlez de lui,
Phrasant sur son talent comme on cause chiffons. (bis)

Vous les auréolés que les mots crus dégoûtent,
Vous qui joignez les mains dans la fornication,
Crachez pas sur Bonhomme, il pourrait sans nul doute
Faire feux de ses fuseaux dans sa prochaine chanson. (bis)

Lui qui n'épouse point les palmes académiques
Pour creuser un tombeau capitonné de gloire ;
Vous pouvez bien piailler, ô chantres du lexique,
Sur son brin de laurier, il s'endort comme un loir. (bis)

Moines de tous les bords, en habit de principe,
Poussez la porte du pied, entrez dans la maison.
Parlez-lui de la pluie, offrez lui une pipe,
Mais ne l'emmerdez pas à poser des questions. (bis)

Vous les petits mesquins qui formulez des doutes,
Vous serez les premiers quand le Vieux Léon
L'appellera au grand bleu pour finir sa route,
Premiers, plage de Sète, à faire des ovations. (bis)

Ce jour de chrysanthème, minus d'la réthorique,
Retournant votre veste, vous compterez vos oignons
En suivant le sapin, en guise de viatique,
Toutes vos patenôtres deviendront ses chansons. (bis)

Puisse Pégase longtemps soutenir l'enchanteur,
Pour abreuver tous nos, futurs microsillons,
De ses mille tendresses, de ses accents frondeurs,
Qui nous chauffe le cœur, et font que nous l'aimons. (bis)

Moi, je voudrais rejoindre cette bande de cons
Pêchés aux quatre vents, dont il fit ses amis,
Devant un verre de vin et sans faire de flon-flon
Dire encore chapeau bas, et mille fois merci. (bis)

Robert Grange

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