A vous et à tous ceux qui l'ont aimé.

Dans ma petite vie de rien, je n'aurai eu qu'une révélation... Mais qu'on me comprenne et qu'on prenne le mot dans cette seule acception : rencontre révélant à soi-même une vérité intime qui bouleverse la vie... Mais qu'on me comprenne, vérité n'est pas ce mot tragique qui ferme la raison. Non, je parle d'une voix, d'un tempo reconnu, d'une résonance par sympathie, telle des cordes de guitare qui reconnaissent la note et vibrent à l'unisson.

Cette révélation paraîtra bien modeste à certains mais c'est la mienne et si je m'intéresse encore au jugement d'autrui, les sentiments qui m'animent sont désintéressés (et même je le sens affichent-ils un air dégagé... comme celui de ses chansons.) Je veux dire qu'à l'instar du bonhomme , je ne cherche pas à convaincre et peut-être même qu' en dépit de l'universalité de l'oeuvre n'existe-t-il autour, qu'une famille où les proches peuvent se compter, se reconnaître à l'inflexion de la voix, à la bonté dubitative d'un sourire, à cette syntaxe de l'âme qui ne s'écrit qu' en amitié.
Je me souviens. Je marchais du côté d'Alésia, épiant l'Arche secrète, trop frais moulu pour frapper à la porte de cette Babylone. Je manquais aussi de cet orgueil (qui n'est pas la vanité des sots), cette certitude qui vous force à agir contre l'adversité. Le creuset de mon enfance ne recelait aucun trésor, aucun chemin tracé, pas de destinée mais une musique de mots qui s'accordait à la sienne, unique et pourtant familière.
Les chemins de traverse empruntés depuis ne m'ont pas détourné de la source et je sais ce que dois de bonheur et d'humanité à ces fables simples et savantes à la fois, dont la musique ne se fait entendre sous la pompe qu'aux oreilles sensibles, rétives sûrement aux assauts furieux et convenus des modes.
Je me souviens. J'ai grandi dans cette parenthèse de vie qui ne voulait servir d'exemple à personne. Lui est passé, fauché trop tôt dans sa pudeur, mais elle demeure et la rue de l'Hospice qui gravit le Mont Saint Clair semble résonner encore de ses ardeurs.

Jacques Rolland (Villeurbanne)

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